Contrat de courtage : Comment l’élaborer ?

Le contrat de courtage est un outil juridique essentiel dans le monde des affaires et en droit commercial. Il encadre la relation entre un courtier, professionnel agissant en tant qu’intermédiaire, et son client qui peut être un particulier ou un commerçant. Ce type de contrat permet de formaliser les engagements de chaque partie, sécurisant ainsi les transactions dans divers secteurs tels que l'immobilier, l'assurance, l’énergie ou encore la finance. Dans cet article, nous vous guidons dans la rédaction et la négociation d'un contrat de courtage en présentant son régime juridique, ses enjeux, et les situations dans lesquelles il est utilisé.

Maxime Gouzes

Contrat de courtage : De quoi s’agit-il ?

Activité & contrat de courtage : Définitions

Activité de courtage VS activité d’apporteur d’affaires

Avant toute chose, le courtage est une activité commerciale (un courtier est un commerçant immatriculé au RNE) de prestation de service. Cette activité est régie par le Code de commerce, notamment par les articles L131-1 à L131-35, qui encadrent les pratiques commerciales en matière de courtage.

L’activité de courtage implique un courtier et un client donneur d’ordre. Ce dernier peut aussi bien être une entreprise qu’un particulier. Le rôle principal du courtier est de mettre en relation son client avec un tiers en vue de la conclusion d'une transaction, moyennant rémunération.

Par exemple, un courtier peut être mandaté par une entreprise ou un particulier en vue de trouver le meilleur prêt possible auprès d’une banque, ou encore les meilleurs prix de vente pour une assurance professionnelle. Dans le secteur de la fourniture ou production d’énergie, le courtier peut également avoir pour mission de trouver des clients susceptibles d’être intéressés par la conclusion d’un contrat de fourniture d’électricité ou de gaz, la participation à une opération d’auto-consommation collective ou encore l’achat d’électricité issue d’installation renouvelable.

On pourrait penser que l’activité de courtage s'apparente à celle d’apporteur d’affaires car les deux activités relèvent de la médiation de commerce. Contrairement à l’apporteur d’affaires, qui se limite à prospecter et à mettre en relation, le courtier peut néanmoins être amené à jouer un rôle plus actif, notamment en conseillant son client dans le cadre des négociations entre les parties et en suivant l'exécution de l'accord. Il agit de manière indépendante et pour le compte de son client, qu'il s'agisse d'une entreprise ou d'un particulier.

Et le contrat de courtage dans tout ça ?

Le contrat de courtage est le document écrit qui fixe les engagements respectifs du courtier et de son client. Du point de vue juridique, c’est la preuve de l’existence d’un accord et d’une relation de courtage entre les deux parties.

Exemples de cas d’application du contrat de courtage :

  • Immobilier : Dans le cadre du courtage immobilier, le contrat permet au courtier d’agir pour trouver des biens correspondant aux critères définis par son client (prix, surface, localisation). Le courtier s’engage à présenter les biens et à assister son client dans les négociations avec les vendeurs potentiels. L’exclusivité peut ici garantir une efficacité maximale dans la recherche.
  • Assurances : Dans le secteur des assurances, le contrat de courtage permet de formaliser la mission et de trouver la meilleure couverture possible pour le client, en fonction de critères spécifiques (montant des primes, couverture des risques). Le courtier doit conseiller son client sur les meilleures options disponibles sur le marché et s'assurer que les offres présentées sont adaptées à ses besoins.
  • Fourniture d’énergie : De nombreuses entreprises, tant consommatrices que productrices, font appel à des courtiers spécialisés pour les aider à trouver des clients ou acheteurs susceptibles d’être intéressés par leur contrat de fourniture ou de production d’énergie. Le contrat de courtage dans le secteur de l'énergie encadre la relation entre un courtier et son client, qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’un fournisseur d’énergie. Ce contrat est essentiel pour formaliser la mission du courtier, définir ses obligations et protéger les intérêts de chaque partie.

Les types de contrat de courtage : Exclusif ou non-exclusif

Type de contrat de courtage exclusif ou non exclusif

Le type de contrat de courtage détermine combien et quelles personnes sont habilitées à participer à la mission de courtage faisant l’objet du contrat.

Dans un contrat de courtage exclusif, seul le courtier désigné est habilité à accomplir les démarches de recherche ou de négociation pour le compte du client. Le client s'engage à ne pas recourir à d'autres courtiers et à ne pas mener lui-même des recherches pendant la durée du contrat. Ce type de contrat garantit au courtier une rémunération exclusive s’il parvient à conclure l'affaire, et limite les risques de concurrence pour ses services.

Cette exclusivité doit impérativement être mentionnée dans le contrat, en général via une clause d'exclusivité. Elle permet au courtier de se concentrer pleinement sur la mission confiée, tout en assurant un cadre sécurisé pour la perception de sa rémunération.

Dans un contrat de courtage non exclusif ou simple, le client est libre de mettre en concurrence plusieurs courtiers ainsi que d’effectuer lui-même certaines démarches. Ce type de contrat est souvent privilégié par les clients souhaitant mettre en concurrence plusieurs intermédiaires ou diversifier les pistes pour une transaction. Toutefois, ce modèle présente des inconvénients pour le courtier, qui n'est pas assuré d'être rémunéré pour ses efforts s'il n'est pas à l'origine de la conclusion de la transaction, à moins que la conclusion d’un contrat par l’intermédiaire d’un autre courtier ou du client lui-même ne soit le fait d’actes de concurrence déloyale.

Les obligations du courtier envers le client

Le courtier, dans le cadre de sa mission, est tenu à plusieurs obligations essentielles envers son client dont notamment les suivantes :  

  • Devoir de diligence et de moyens : Le courtier est tenu d’accomplir sa mission avec diligence, en utilisant tous les moyens raisonnables et les compétences dont il dispose pour exécuter la mission qui lui a été confiée. Toutefois, il ne garantit pas le succès de la transaction, sauf si cela est expressément stipulé dans le contrat.
  • Devoir de conseil : Le courtier a l'obligation de conseiller son client et de lui fournir toutes les informations nécessaires à une prise de décision éclairée. Il doit ainsi expliquer les différentes options disponibles, les avantages et inconvénients des choix proposés, ainsi que les risques associés à chaque option.
  • Devoir d’information : Le courtier a une obligation générale d’information vis-à-vis de son client qui lui impose de se renseigner sur la situation du co-contractant avec lequel il se propose de mettre son client en relation (contrôle notamment de la solvabilité, de la capacité à contracter et exécuter l’opération envisagée par le cocontractant) ainsi que sur l’opération envisagée. Ainsi, le courtier manque à cette obligation s'il met en relation avec le donneur d'ordres un cocontractant dont il connaît l'insolvabilité notoire.
  • Devoir de loyauté et de confidentialité : Le devoir de loyauté impose au courtier de défendre les intérêts de son client en priorité. Il doit agir en toute impartialité et ne pas privilégier ses intérêts personnels ou ceux d’une autre partie. Le courtier a d’ailleurs l’obligation de révéler à son client l’intérêt personnel qu’il pourrait avoir à une transaction.
  • Devoir de confidentialité : Le courtier doit veiller à ce que les informations sensibles ou stratégiques de son client ne soient pas divulguées à des tiers non autorisés. Cela est particulièrement crucial dans des secteurs comme l'immobilier ou les assurances.
Obligation du courtier
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Comment écrire un contrat de courtage ?

Est-ce que le contrat de courtage écrit est obligatoire ?

En France, le code civil reconnaît à l’article 1102 la valeur d’un accord verbal. Cela vaut également pour le contrat de courtage. Cependant, en cas de litige, prouver l’existence d’un tel accord et son contenu devant les autorités compétentes peut s’avérer difficile, voire impossible, en l’absence d’accord écrit.

En outre, un contrat de courtage bien rédigé peut présenter de nombreux avantages économiques et juridiques tant pour le client que pour le courtier. Parmi les enjeux principaux, on relèvera notamment les points suivants :

  • Sécurisation des transactions
  • Précision des obligations réciproques
  • Protection des intérêts
  • Distinction avec les autres intermédiaires (apporteurs d’affaires, agent commercial, commissionnaire)  

Il est par conséquent vivement recommandé de rédiger ou de faire rédiger un contrat de courtage encadrant les missions confiées au courtier et les obligations incombant à chacune des parties.

Les mentions à inclure dans un contrat de courtage  

Un contrat de courtage doit inclure un certain nombre de mentions obligatoires pour être complet et juridiquement valide. Voici les éléments essentiels pour garantir la validité et la sécurité juridique d'un contrat de courtage :

  • Identité et coordonnées des parties :
  1. Client : Le nom, l'adresse et les coordonnées du client, qu'il s'agisse d'une personne physique ou morale.
  2. Courtier : Le nom ou la raison sociale du courtier (ou de la société de courtage), ainsi que son immatriculation au registre du commerce ou tout autre registre professionnel pertinent.
  • Objet du contrat :
  1. L'objectif précis du contrat doit être détaillé, que ce soit la recherche d’un bien immobilier, la négociation d’une assurance, ou la conclusion d’un prêt bancaire. Cette section doit définir le périmètre d’action du courtier. Elle doit être rédigée avec une attention toute particulière, en veillant à bien s’assurer que le rôle du courtier ne se confonde pas avec lui d’un agent commercial, dont le régime est nettement plus favorable pour le prestataire.  
  2. Par exemple, dans un contrat de courtage immobilier, il faut préciser les caractéristiques du bien recherché (surface, prix, localisation), tandis que dans un contrat de courtage d’assurance, on mentionnera le type de couverture souhaitée, les risques à couvrir, etc. Dans un contrat de courtage portant sur la commercialisation d’offres de fourniture d’électricité ou de gaz, on veillera à bien délimiter le périmètre des offres commercialisées, leur nature et la clientèle ciblée.
  • Durée du contrat :
  1. La durée de validité du contrat doit être clairement définie, qu’il s’agisse d’un contrat à durée déterminée ou indéterminée.
  2. Si la durée est déterminée, les conditions de prolongation ou de renouvellement doivent également être précisées. Il peut aussi y avoir des conditions de résiliation anticipée, qui doivent être clairement énoncées.
  • Exclusif ou non-exclusif : Indiquer explicitement si le contrat est exclusif ou non-exclusif, et le cas échéant, inclure la clause d'exclusivité. Cette distinction est essentielle pour éviter tout conflit d'intérêt et pour encadrer les actions concurrentielles éventuelles du client.
  • Rémunération :
  1. Montant et modalités de paiement : Détailler la rémunération du courtier (honoraires fixes, commission sur le montant de la transaction, ou combinaison des deux). Il faut aussi préciser les modalités de versement (paiement à la signature du contrat, à la conclusion de la transaction, etc.).
  2. Frais annexes : Indiquer si des frais supplémentaires peuvent être facturés, comme des frais de déplacement, de dossiers, ou d’autres coûts liés à la mission du courtier.
  • Obligations des parties :
  1. Obligations du courtier : Détailler les missions spécifiques confiées au courtier ainsi que son devoir de loyauté, de conseil et de confidentialité.
  2. Obligations du client : Indiquer les engagements du client, comme celui de fournir au courtier toutes les informations nécessaires pour mener à bien sa mission, le former ou encore son engagement à honorer les paiements.
  • Résiliation et pénalités :
  1. Le contrat doit prévoir les conditions de résiliation anticipée, notamment pour faute ou manquement grave de l'une des parties. En l'absence de clause de résiliation, des manquements graves (par exemple, l'inactivité du courtier ou le non-paiement par le client) peuvent constituer des motifs légitimes de rupture.
  2. Les pénalités applicables en cas de non-respect des obligations contractuelles doivent également être mentionnées, pour les deux parties.
  • Droit applicable et juridiction compétente : Il est important de définir le droit applicable au contrat (généralement le droit français) ainsi que la juridiction compétente en cas de litige. Le choix d’une juridiction précise permet d’éviter des débats juridiques ultérieurs sur le tribunal qui devra trancher un éventuel conflit.

Contrat de courtage : Erreurs à éviter & conseils  

À l'instar du contrat fournisseur, la rédaction d’un contrat de courtage doit faire l’objet d’une attention particulière, afin de protéger efficacement les intérêts de son auteur et d’éviter tout risque de requalification du contrat de courtage, en contrat de travail ou d’agent commercial. Certaines clauses créant un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties doivent également être évitées pour ne pas remettre en cause l’efficacité, voire la validité, du contrat.

Voici quelques points à vérifier avant la signature du contrat de courtage :

  • Disposer des informations nécessaires : Il est essentiel de disposer des informations complètes concernant le courtier et le donneur d'ordres avant de signer le contrat. Cela inclut notamment la vérification de l'identité, de la solvabilité et des compétences du courtier.
  • Comprendre la nature et l'objet du courtage : Le contrat doit énumérer et détailler la nature exacte de la mission de courtage. Il est également important de définir clairement l'objet du contrat, ainsi que l'engagement du donneur d'ordres à contracter.
  • Comprendre ses obligations : Chaque partie doit avoir pris connaissance de l'étendue de ses obligations respectives. Cela permet d'éviter tout malentendu ou incompréhension sur le rôle et les responsabilités de chacun.

Quelques points à vérifier lors de la rédaction du contrat de courtage :

  • Clauses indispensables : Le contrat de courtage doit contenir les clauses essentielles, notamment celles relatives à l'objet du contrat, la durée, la rémunération et les obligations réciproques des parties.
  • Clauses complémentaires : Il peut être nécessaire d’inclure des clauses supplémentaires, telles que la clause de révision de prix, une clause pénale en cas d'inexécution, ou encore des intérêts de retard.
  • Annexes nécessaires : Toutes les pièces justificatives doivent être annexées au contrat. Cela inclut l'inscription au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) et les coordonnées bancaires (RIB) du donneur d'ordres

Quelques points à vérifier au jour de la signature du contrat de courtage :

  • Contrat et annexes datés et signés : Le contrat ainsi que toutes ses annexes doivent être datés, paraphés et signés par les deux parties. Cette formalité assure que le document est juridiquement valable.
  • Remise d'un original à chaque partie : Il est important que chacune des parties conserve un original du contrat dûment signé.

Le contrat de courtage est un élément clé pour formaliser et sécuriser les missions du courtier. Que ce soit dans l'immobilier, l'assurance, ou l’énergie, un contrat bien rédigé protège les intérêts des deux parties, tout en assurant une transparence et une clarté dans les engagements réciproques.  Chez Solary Avocats, nous vous accompagnons dans la rédaction de vos contrats, en prenant en compte vos attentes et vos besoins : Découvrez Solary Avocats.

Points-clés : C’est quoi un mandat de courtage ?

Pourquoi signer un contrat de courtage pour un achat ?

Signer un contrat de courtage pour un achat présente plusieurs avantages stratégiques et pratiques, que ce soit pour l’acquisition d’un bien immobilier, d’un produit spécifique, ou d’un service complexe. Ce type de contrat permet de formaliser la relation entre un mandant (l'acheteur) et un courtier et d’encadrer les obligations et responsabilités de chacune des parties, tout en optimisant les chances de succès de l’achat. En cas de litige, il limite également les contestations liées au contenu ou la nature des engagements de chacune des parties.

Qui signe le contrat de courtage ?

Les deux parties à un contrat de courtage sont le client donneur d’ordres (il peut s’agir aussi bien d’une personne physique que d’une entreprise) et le courtier. Ce dernier est un commerçant et un intermédiaire de commerce. Il peut y avoir plusieurs clients donneurs d’ordres signataires (par exemple des conjoints ou des associés) mais chaque contrat de courtage ne peut se faire qu’avec un seul courtier ou une seule société de courtage.

Comment résilier un contrat de courtage dans l’immobilier ?

Pour résilier un contrat de courtage immobilier avant son exécution complète et sans encourir de pénalités, il faut se référer à la clause de résiliation anticipée du contrat. S’il n’y en a pas, certains manquements graves à une ou plusieurs obligations de la part de l’autre partie (par exemple, l’inactivité du courtier) peuvent, au regard du droit, constituer un motif légitime de résiliation anticipée.

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Et si on échangeait ?

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